Comprendre et changer ses comportements[1]
Les comportements de l’être humain moderne ne sont pas dus
au hasard. Bien au contraire, nos comportements actuels sont des reproductions
de ceux qui furent bénéfiques à notre espèce d’un pont de vue évolutif.
Des systèmes cérébraux spécialisés ont donc évolué afin de
faire ressentir du plaisir ou, au contraire, de la douleur durant la
réalisation de nos comportements afin de nous donner les moyens de les évaluer
au travers de l’expérience du ressenti. De ce point de vue, le plaisir est
essentiel en tant que preuve du fait que le manque intérieur a été satisfait
par un acte précis. Il s’en suit une mémorisation du couple manque précis-acte
apaisant, qui sera reproduit dans le futur comme une stratégie efficace.
Nos comportements, qu’ils soient acquis par l’expérience
personnelle ou innée au travers de la génétique propre à note espèce, sont les
chefs d’orchestre de nos actions tout en étant en majorité inconscients et
reproduit par notre « pilote automatique » intérieur : le
subconscient.
La tradition orientale nomme la personne qui reproduit ses
comportements sans réfléchir « l’automate-perroquet » : les
actes (inconscients) et les paroles (conscientes) sont reproduits en
correspondant parfaitement à la Loi du groupe social auquel appartient
l’individu.
Changer de comportements ne pourra donc se faire que par la
compréhension du fonctionnement du système nerveux en général et de certains
centres cérébraux.
La principale
fonction du cerveau est de maintenir l’homéostasie. Or, parmi les systèmes
cérébraux, ceux qui permettent de satisfaire nos besoins vitaux influencent le
plus nos comportements.
On peut distinguer trois phases dans le
fonctionnement de ce merveilleux système :
1. Suite à un stimulus, notre cerveau nous
pousse à passer à l’action afin de satisfaire un besoin. La faim est le premier
besoin que l’être humain satisfait : avant même de parler ou d’appréhender
le monde dans lequel il vit, il pleure afin d’avertir sa mère qu’il a faim.
Bien que cela soit dans ce cas profondément inconscient, les pleurs de l’enfant
sont une stratégie très efficace.
2. Le passage à l’action est récompensé par une
sensation de plaisir. Par exemple manger procure du plaisir, mais celui-ci
n’est pas complet si le repas n’est pas apprécié et/ou pris seul sans
possibilité d’échange social. C’est donc l’action qui est récompensée et pas
seulement l’obtention de la récompense. L’action correspond souvent dans les
sociétés humaines à un rituel.
3. Puis, finalement, la satisfaction qui met un
terme à l’action jusqu’à ce qu’un nouveau besoin vienne déclencher le désir
Action gratifiante possible
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Activation du MFB
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Désir
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Action
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Satisfaction
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Programmé à rechercher le plaisir
L’être humain est programmé à reproduire des comportements
qui, dans son histoire ou dans celle de son espèce, ont procuré du plaisir en
entretenant sa vie (homéostasie) et en la faisant évoluer.
Ce qui satisfait pleinement une pulsion intérieure génère du
plaisir. La satisfaction correspond à la cessation du manque intérieur ayant
généré la pulsion. Le plaisir est la preuve sensorielle que le manque a cessé
et que le corps va bien. La douleur est évidemment l’inverse et concerne la
préservation de l’intégrité du corps : en retirant par réflexe sa main
d’une plaque chaude par action instinctive, nous sauvons notre main, sans y
réfléchir consciemment. Ces deux notions ont présidé à la spécialisation de
trois systèmes nerveux liés aux comportements : l’un est à la récompense
(MFB), l’autre à la punition (PVS) et le dernier à l’inhibition (SIA).
Le cycle pulsion – action – satisfaction, géré par le MFB et
la fuite ou la lutte efficace permettent à l’organisme de préserver son
homéostasie dans l’action et composent à eux deux le système activateur de
l’action (SAA)
Le plaisir est le moyen développé au cours de l’évolution de
notre espèce, pour nous inciter à manger, à trouver un partenaire sexuel, à se
protéger du froid, etc.
La récompense et la punition
Le S.A.A. s’oppose
au système inhibiteur de l’action (SIA). Ce système s’enclenche en cas
d’inefficacité de notre action, qui correspond à un profond sentiment
d’impuissance soit« je ne peux pas interagir avec mon environnement, car
ceci est « faux » pour Moi mais je ne parviens pas à agir donc je ne
bouge plus, je me prostre, me replie ».
Le S.I.A. a été
utile dans l’évolution et de manière très ponctuelle, dans les situations où
toute action est susceptible d’empirer la situation. Lorsque l’humain perçoit que la lutte ou la fuite sont impossibles, il
se contente de la soumission et l’acceptation, passive et à contrecœur, afin de
maintenir autant que faire se peut le statu quo.
Dans notre société
moderne où la compétitivité est érigée au rang de dogme, de nombreuses
personnes vivent dans l’appréhension de la « punition » : peur
du chômage, peur de ne pas avoir la promotion, peur de ne pas pouvoir payer les
factures à la fin du mois, peur de dire au chef de vente nos petits résultats,
etc. Dans ce genre de cas, la personne n’a plus l’impression d’avoir de choix
et sombre dans l’inhibition chronique. De nombreuses conséquences pathologiques
sont à déplorer lors d’un surfonctionnement du SIA comme par exemple :
dépression, maladies psychosomatiques, ulcères d’estomac, hypertension
artérielle. À noter également qu’étant donné que le SIA épuise le potentiel de
lutte du système immunitaire, des pathologies plus graves peuvent se développer
ultérieurement.
Deux systèmes se sont donc développés dans le cerveau pour
traiter la récompense et la punition.
1.
Le « medial forebrain bundle » (MFB) en anglais qui est
le circuit de récompense
2.
Le «
periventricular system (PVS) », qui est le circuit de punition, qui active la
fuite ou la lutte
Ces deux systèmes ont pour but de préserver l’homéostasie
par l’action et forment ensemble le
système activateur de l’action (SAA).
|
L’action est aussi primordiale lorsqu’un danger nous menace.
Nous avons alors deux solutions : la fuite ou la lutte.
Les stimulations déplaisantes et/ou douloureuses qui
provoquent la fuite ou la lutte activent les centres de la punition ou PVS. Le
PVS est formé de plusieurs centres dont l’hypothalamus, le thalamus et la
substance grise centrale ainsi que l’amygdale et l’hippocampe. L’activation du
PVS provoque l’activation du système nerveux sympathique et la libération dans
l’organisme d’ACTH[2] et
d’adrénaline qui préparent rapidement le corps aux efforts exigés par la fuite
ou la lutte
Le système de punition inhibe le système de récompense, ce
qui explique que certains régimes politiques ont réussi au cours de l’Histoire
à manipuler le peuple par la peur, surtout la peur de la punition. Ceci est
également valable dans toute structure sociale : couple, famille,
entreprise, etc.
Le MFB et le PVS forment les deux principaux systèmes de
motivation de l’être humain. Ils ont pour but assouvir les trois pulsions
instinctives, respirer, se nourrir, se reproduire, et d’éviter la douleur.
Centres d’inhibition
Le Pr Henri Laborit a mis en évidence un troisième
circuit : le système d’inhibition de l’action (Behavioral Inhibitory
System (BIS)). Il est associé au système septo-hippocampal, à l’amygdale et aux
noyaux de la base. Ce système est, comme nous l’avons vu, celui qui prend le
relai lorsque la lutte ou la fuite ne sont plus possibles, avec des
conséquences négatives au niveau physiologique.
Pour prendre un exemple simple, le SIA est le système qui
produit l’immobilisme du campagnol survolé, à terrain découvert, par une buse.
Ce fonctionnement temporaire lui sauve la vie plus sûrement que la fuite. Par
contre, dans le cas où un individu se sent comme le campagnol, lorsqu’il est en
relation avec son patron, ses parents ou autres, la situation se gâte. Il
perçoit une impossibilité de fuir ou de lutter : s’il le faisait, il en
perdrait son emploi, sa place dans la famille, etc. De plus si la situation
perdure des mois ou des années, les conséquences pourraient être
catastrophiques en termes de santé (voir aussi le sous-chapitre sur le stress)
en affaiblissant fortement les capacités du système immunitaire.
Le SIA peut également « s’enclencher » dans le cas
où l’individu manque d’information à propos de ce qu’il vit dans le
présent : comme par exemple une personne âgée assise devant un pc dont
elle ne comprend pas le fonctionnement ou encore une personne effectuant un
voyage dans un pays étranger sans maîtriser ni la langue et ni l’écriture en
fonction différente de la sienne. En effet, pour agir efficacement, l’être humain
a besoin d'un certain nombre d'informations sur le monde qui lui donnent des
possibilités différentes de répondre. Si les apprentissages et expériences
antérieures n’apportent pas l’information à l’individu, le SIA prend le dessus
sur le SAA. Attention : à l’inverse l’excès d’information (téléjournal,
publicités agressives, etc.) a le même effet. Enfin, l’imaginaire peut produire
des scénarios que l’individu redoute de vivre. Dans ce cas lorsque le cauchemar
se matérialise sous les yeux de la personne, celle-ci se trouve totalement
inhibée.
Solutions
Ce qui précède met
en évidence le fait que l’être humain se doit à lui-même de trouver de vraies solutions
plaisantes dans sa vie.
Traiter le stress,
c’est aussi sortir de la souffrance car le mauvais stress est aussi un système
d’alerte antidouleur !
En résumant, je
pense que l’on peut résumer un travail cohérent de résolution du stress par ces
étapes :
1. Prendre conscience de son stress. Ce qui n’est
pas évident car selon le milieu duquel o provient le stress quotidien a peut-être
été la normalité vécue en permanence. Prendre le temps de réfléchir sur la
définition de l’inverse d’une vie stressante, une vie sereine est un bon point
de départ.
2. Identifier les domaines de vie dans lesquels
il existe du stress[3].
Définir exactement la cause du stress (par ex. : stress professionnel >
je dois m’avouer que mon chef me fait peur. Ou : j’ai peur de parler
durant les réunions d’équipe parce que je fus un enfant très timide et que je n’ai
pas travaillé cette capacité depuis lors, etc.)
3. Définir des objectifs en termes d’améliorations
globales (qualité de vie en général, répartition travail-loisir-famille, temps
de repos, etc.) et locales (ma relation avec mon patron, mes parents, etc.)
4. Oser déterminer les besoins que l’on a…ou
pas. Oser chercher un thérapeute si l’on en ressent le besoin et avoir
confiance en soi si l’on sent que travailler seul est selon dont on a besoin
dans le présent
5. En tenant compte des objectifs fixés, mettre
en place des solutions valorisantes et positives pour soi et pour les autres
dans l’unique but de solutionner efficacement les problèmes générant le stress
6. Procéder à une auto-évaluation fréquente
afin de quantifier l’avancement sur le chemin du processus de guérison.
7. En cas de stagnation, oser réfléchir dans le
calme, la confiance et la tolérance envers soi afin de trouver une meilleure solution..car
cela serait un comble de se stresser pour tenter de résoudre un problème de
stress ?!
Questions ? Remarques ?
N’hésitez pas !!
Jean-Christian Balmat
[1]
Extrait du livre « Shiatsu Holistique – Soignez avec vos mains et votre cœur ! », 330 pages. Disponible en version électronique sur
Kindle.com ou en version papier sur Amazon.com
[2]
L’hormone corticotrope, ou adrénocorticotrophine (ACTH), est une hormone
polypeptidique, principalement sécrétée par les cellules basophiles du lobe
antérieur de l’hypophyse et qui stimule la glande corticosurrénale.
[3] A
noter qu’il ne faut pas confondre stress et rapidité : vivre sans stress ne
veut pas dire vivre lentement. On peut faire rapidement des choses avec son corps
alors qu’intérieurement la sérénité règne !!
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