vendredi 2 mai 2014

Sagesse du Milieu: Les trois phases du travail intérieur

Ou

Les deux rives bordant le fleuve


Nous naissons tous avec des ailes, les ailes de l'amour
Le plus dur est de les conserver et les entretenir,
Car bien des anges tombent du Ciel entre l’enfance et l’âge adulte
Car ils ne s’astreignent pas à continuer à produire le bien et ….
Si on se laisse envahir par le mal au fil des ans
On finit par perdre jusqu’au souvenir d’avoir eu des ailes


image de l'auteur


Dans le milieu thérapeutique, on parle constamment de travail intérieur… à toutes les sauces. Le travail n’a pas de forme unique ni d’étapes écrites dans la pierre.
Il est propre à chaque individu et est à l’image de son unicité et de toutes ces spécificités propres.
Bien sûr qu’il existe des méthodologies plus efficaces que d’autres ; bien que, là encore, aucune méthode n’est totalement mauvaise, cependant chacune est plus ou moins efficace sur un individu donné.
Cet article a pour but de mettre en évidence trois grandes phases du travail personnel par lesquelles chacun doit obligatoirement passer afin de continuer sa propre voie, sa vie unique.

Bonne lecture !


Première phase : la rive gauche ou la phase de déni


Cette phase est laquelle tout être humain nait. Ou plus exactement, elle correspond à une étape durant laquelle l’Âme et la Personnalité[1] ne sont pas en contact.

L’être humain considère qu’il n’a pas le contrôle total de sa vie, croit dans la fatalité et en subit les conséquences malheureuses. Au départ, il perçoit sa vie au travers de notions telles la chance ou la malchance. Il donne au monde extérieur un pouvoir énorme et cherche à s’en attitrer les faveurs : en cherchant à faire plaisir aux gens qu’il fréquente afin d’en obtenir des récompenses[2] et interagit avec ses congénères essentiellement dans le but inconscient de satisfaire ses manques intérieurs. Il est esclave de ses pulsions animales[3] et passe sa vie à les satisfaire temporairement, ce qui l’oblige à recommencer chaque jour, ce qui l’entraine dans une vie qui n’est jamais qu’une course afin de ne pas manquer de quelque chose.

Pour s’attirer les faveurs du Ciel, il lui arrive de prier un Dieu afin que ce dernier pourvoie à ses besoins.

Disons que nous pouvons voir cette période de deux façons différentes selon notre perception de la Vie :
1.     Si nous considérons que la réincarnation n’existe pas et que l’être humain ne vient sur Terre qu’une fois : cette phase est celle qui dure quelques dizaines d’années ou alors une vie entière
2.     Si nous croyons en la réincarnation, cette phase peut durer des dizaines, voire des centaines d’incarnations

Cette phase est celle durant laquelle l’individu pense que c’est l’extérieur qui pourvoit à ses besoins. Il en attend donc énormément :
1.     Lorsqu’il reçoit assez pour combler ses manques et besoins, il se considère comme béni et remercie le monde extérieur. Il se sent aimer
2.     lorsqu’il ne reçoit pas assez et ressent de plein fouet ses manques, il s’estime maudit, porteurs de poisse et éprouve de la haine pour le monde extérieur.

C’est la phase de gloire de l’ego : « tout pour MOI, MOI, MOI ». L’individu se voit comme le centre du monde et se met dans toutes ses réflexions comme le numéro un, l’autre étant qu’au mieux utile (pour combler ses manques). Il s’excuse d’être mauvais… quand cela ne lui fait pas mal à lui…


Deuxième phase : la traversée du fleuve ou affronter ses démons


Cette deuxième étape est avant tout et surtout un mouvement conscient de la personne qui commence à comprendre que le hasard, la chance sont des notions qui soudain lui apparaissent comme fausses.
L’être humain commence à comprendre qu’il est en partie maître de son destin, qu’il ne peut pas uniquement compter sur le monde extérieur afin de satisfaire ces besoins.
Il commence à se regarder dans un miroir, à apercevoir ses bons et ses mauvais côtés. Peu à peu, il comprend qu’il peut se donner du bien et se donner du mal.

Il comprend de mieux en mieux que la maxime « on récolte ce que l’on sème » est vraie. Il s’en révolte, car « il n’a rien fait… », mais en y réfléchissant, il commence à admettre la Loi de Causalité ou Karma.
Plus il avance, plus ses démons lui apparaissent clairement. Ce qu’il percevait comme faisant partie du monde extérieur lui apparait dans sa réalité, partie de lui.

L’indien représente l'inconscient que le blanc, maître du conscient, veut maîtriser
Mais plus il le fait, plus il s'éloigne de la Vie.
L'Homme n'est ni Yin ni Yang, sa réalité est dans le Vide!!

Il avance et appréhende le libre arbitre, ce droit intrinsèque de choisir entre la bonne et la mauvaise version d’un acte qu’il a l’intention de réaliser. Alors que dans la première phase, il agit pour ses seuls intérêts et ne rechigne pas à être mauvais, dans cette seconde phase, il prend conscience que l’autre est différent de lui.

Peu à peu, il évolue jusqu’à placer l’autre sur un plan d’égalité. À ce moment, son évolution personnelle s’accélère énormément, car il s’aperçoit qu’il peut apprendre énormément de la différence. 

Et là, contrepartie négative de cette accélération, il s’aperçoit qu’il a semé le mal, généré énormément de douleur dans la première phase.

Cette prise de conscience et la découverte du pouvoir énorme qu’il a sur lui-même et le monde extérieur le fait passer par des phases de torture intérieure du lesquelles il se sent déchirer, écarteler, séparé en deux parties : ses frères ennemis que sont son ange et son démon qui se partage sa dépouille afin de remporter la victoire finale.

Si on dénie la nécessité de combattre ses démons intérieurs, on reste sur la rive du déni.
Et c'est en traversant le fleuve des passions qu'on atteint la rive de la Connaissance

Il rêve parfois de revenir en arrière, un peu comme dans le film Matrix lorsqu’un personnage parle du steak qu’il sait, pure illusion, mais putain ce qu’il était bon !!

C’est pourquoi cette étape est comparable à la traversée d’un fleuve déchainée. Chaque personne qui s’engage dans cette étape est dans une première phase happée par le courant : en l'occurrence, le flot de ses émotions polarisées à l’extrême qui le déchire…

Jusqu’à ce qu’il se résolve à atteindre la rive opposée. Et cela, il ne peut le faire qu’un développant un milieu qui, au-delà de ses extrêmes émotionnels sont sa gloire. Il commence à comprendre qu’en développant en pleine conscience un cœur, il peut transcender ses petites limites d’homme afin de devenir un Être Humain.

Il comprend qu’en maniant son pouvoir pour le bien et en faisant le bien, il récolte du bien, surtout s’il s’astreint à une discipline permettant la constance dans ce sens.


Troisième phase : la transmutation


Il ne faut pas confondre innocence, avec laquelle nous naissons tous
Et la pureté que nous devons produire par choix conscient et volontaire.

Atteignant la rive opposée après avoir transcendé sa nature animale gouvernée par ses émotions polarisées, il comprend à quel point le Bien équivaut à la Vie et que le moyen le plus efficace de vivre bien et de devenir un ambassadeur de la Vie.

Cependant, avant de vivre pleinement cette troisième étape, il doit encore traverser le désert. Le désert est l'étape entre la facilité, phase de l'évolution où l'on reçoit énormément sans être reconnaissant, et celle dans laquelle on sème le bien afin de créer en conscience le Paradis sur Terre (tentative volontaire de créer avec l'aide du cœur un monde meilleur pour tous et non seulement pour nous). C'est une étape de transition, fait pour accepter la transition entre l'égocentrisme (tout pour moi, parce que je suis le centre du monde) et celle du partage, tout simplement parce que l'on devient un ambassadeur de la Vie qui est partage... tout simplement parce que la garder, l'immobiliser en nous... correspond à la mort.

À ce moment, il comprend qu’il peut collaborer à l’œuvre de la Vie en y ajoutant tout son Pouvoir Créateur Personnel.

L’alliance du féminin et du masculin sacré
Se matérialise sous la forme symbolique de l'épée,
Appelée Excalibur, qui tranche les ténèbres

L’être humain atteignant ce stade n’est pas un dieu, ni un être éthéré étrange, mais bien un individu ayant transcendé ces démons et qui œuvre à sa façon à la vie sur Terre au quotidien au moyen d’actes simples néanmoins emplis d’une énergie complètement positive.

Il vit une vie simple qui n’est pas forcément spirituelle au sens où l’être humain en première phase l’entend. Il ne vit pas retiré dans un monastère, ne vit pas seulement d’amour et d’eau fraiche, mais s’astreint simplement à rester dans la constructivité, le positivisme et tente d’œuvrer au bonheur de tous les êtres vivants sur Terre.

Il comprend surtout qu’il a le pouvoir intérieur de transmuter ses démons générant la mort intérieure (maladie, douleurs) et toutes les conséquences négatives extérieures (mauvaises graines générant des mauvaises récoltes, karma négatif). Il fait le Bien par choix personnel non plus par peur du courroux de son environnement ou d’un Dieu omnipotent


                                                                                     Jean-Christian Balmat







[1] Comme nous l’avons vu dans les précédents articles, l’Âme est constituée des trois corps subtils supérieurs (Causal, Spirituel et Divin) et la Personnalité des quatre corps subtils inférieurs (Physique, Éthérique, Astral et Mental)
[2] Ici, le terme « récompense » correspond à la satisfaction d’un manque.
[3] Les « pulsions animales sont à prendre dans ce contexte comme toutes les pulsions liées aux 4 besoins vitaux de base : respirer, manger, se protéger, se reproduire,