Le stress est la
maladie de l’homme moderne. Loin d’être anodine, cette pathologie créé un
surfonctionnement de l’ensemble du métabolisme et du système psychoaffectif.
Dans de trop
nombreux cas, les personnes souffrant de stress le subissent sans pouvoir agir
de façon à le réduire voir à la supprimer.
Hors pouvoir, c’est
savoir : connaitre le stress, le comprendre, identifier les conditions
dans lesquelles il se déclenche c’est accéder à la possibilité de mettre en œuvre
une hygiène de vie et des comportements qui permettent de se protéger du stress
Symptômes du stress
Boule au ventre, mains moites, le cœur qui s’emballe, des
bouffées de chaleur….si ces sensations vous sont familières c’est que vous
souffrez du mal du siècle : le stress.
Des rythmes de travail effrénés, la gestion du quotidien, les embouteillages,
la présence agaçante des autres sont tout autant de sources de stress avec lesquels
il faut évidemment composer.
Définition du stress
Il faut savoir que le stress est un phénomène d’adaptation
du corps qui nous permet de réagir à notre environnement. Dès que nous sommes
confrontés à une situation stressante le cerveau va envoyer un signal aux
surrénales pour qu’elles libèrent des hormones, les catécholamines[1]
comme l’adrénaline. Ses hormones vont augmenter la fréquence cardiaque, la
tension artérielle la température du corps, la respiration, tout cela pour
amener plus d’oxygène aux muscles et au cœur.
Notre niveau de vigilance est alors à son maximum, notre corps
est en alerte, prêt à réagir. Si la situation persiste l’organisme entre en
phase de résistance.
De nouvelles hormones, les glucocorticoïdes[2]
sont sécrétés et vont augmenter le taux de sucres dans le sang pour apporter
l’énergie nécessaire aux muscles au cœur et au cerveau. Toutes ces secrétions hormonales
sont normalement régulées par des capteurs qui se tournent dans le sang et par
le cerveau. Mais si la situation stressante se prolonge plus, l’organisme est
débordé et il va produire toujours plus d’hormones et il va entrer dans un état
de stress chronique et il va finir par s’épuiser.
Si le stress n‘est pas traité correctement il peut générer des insomnies et de la
dépression.
Même si nous vivons au 21ème siècle, une ère
hautement technologique, l’être humain reste, dans son fonctionnement, un
primate. Confronté à une situation de conflit, effective objectivement ou qu’il
perçoit comme tel, tout son organisme et surtout le système neuroendocrinien,
le système cardio-vasculaire et le cerveau primitif ou reptilien, siège des
instincts, se prépare à l’action avec deux types de « programmes »
- Le combat
ou
- La fuite
Hélas, le problème pour l’humain moderne est que ces deux
alternatives sont souvent impossibles à mettre en place. Se trouvant dans
l’impossibilité d’agir, il doit dès lors s’adapter à cette situation. C’est ici
qu’apparait le stress biologique par
inhibition de l’action largement évoqué par Pr Henri Laborit[3].
Pour conserver son équilibre psychoaffectif intérieur face à
ce stress exogène, l’humain va devoir puiser dans ses ressources intérieures, à
savoir sa personnalité qu’il a forgée au fil de ses expériences sur la base de
son hérédité, personnalité qui conditionnera sa capacité à gérer le conflit et
ses conséquences.
Rappelons que la personnalité de l’être humain se construit
et se réorganise en permanence en fonction de l’éducation dispensée par le
milieu familial, son vécu antérieur et son environnement présent affectif et
matériel. La capacité d’adaptation de chacun a donc des limites liées aux
« caractéristiques » de sa personnalité et à son environnement.
Une fois cette capacité dépassée (anxiété inhibitrice) ou
épuisée (asthénie, dépression), apparait ce que nous appelons le syndrome de désadaptation avec les
conséquences suivantes :
·
Anxiété
·
Insomnie
·
Dépression
·
Troubles compulsifs alimentaires (TOC),
anorexie-boulimie
·
Et, on l’oublie, avec comme conséquence
indirecte la toxicomanie (médicaments, alcool, drogues dures) compensatrice
Stress et adaptations physiologiques
Lorsque l’on étudie le fonctionnement du système nerveux,
comprendre les modifications fonctionnelles qu’entraine le stress est
essentiel.
Le stress est à la base une modification de l’environnement
externe qui entre en contact (relations humaines) ou pénètre (aliments,
allergènes) la personne. Cette modification entraine une perception :
·
Agréable : par exemple lorsqu’un gros
travail nous attend, un départ en voyage est imminent, lorsqu’un discours doit
être prononcé. C’est le bon stress qui accompagne notre vie quotidienne et nous
stimule en nous forçant à nous adapter. Mais c’est surtout grâce à ce stress
que l’enfant apprend, se construit en pose des acquis qui finissent au bout
d’une vingtaine d’années par l’amener au stade adulte.
·
Désagréable : par exemple en cas d’attaque,
de mobbing, d’agression sexuelle, de pressions familiales ou professionnelles.
Ce stress génère un sentiment de douleur soit physique soit psychoaffective par
incapacité pour la personne à répondre au stimulus de façon adéquate ou
attendue. Le stimulus étant une pensée, une émotion ou une action qui viole
« la loi », constitué de l’ensemble des valeurs de la personne
concernée. Ce stress met en évidence l’incapacité de la personne à s’adapter. Ne
pouvant pas répondre au stimulus, elle se trouve en rupture avec son
environnement.
Lors d’une exposition prolongée à un facteur de stress,
trois phases se succèdent :
1. Réaction d’alarme : déclenchée par
l’hypothalamus qui stimule la partie sympathique du SNA et la médullosurrénale,
ce qui produit :
a. Une
augmentation du taux de glucose dans le sang et un afflux d’oxygène vers les
organes
b. Une
augmentation de la fréquence cardiaque
c. Une
dilatation des voies aériennes
d. Un
ralentissement des activités du tube digestif
2. Période de résistance : plus
longue que la réaction d’alarme, elle produit :
a. Une
sécrétion d’hormones qui maintient le corps en état de catabolisme
b. Une
mise à disposition de l’énergie (glucose) énorme par rapport à la normale ce
qui affaiblit d’autant les capacités immunitaires et de régénération du corps.
3.
Épuisement :
les ressources de l’organisme s’épuisent durant la période de résistance.
L’exposition prolongée à des concentrations élevées de cortisol ou d’autres
hormones lors du stade de résistance amène :
a. L’atrophie
musculaire
b. La
suppression du système immunitaire
c. L’ulcération
des voies gastro-intestinales
Bon et mauvais stress
Il est important de noter qu’il existe un bon stress,
c’est-à-dire une stimulation de l’environnement (changement de travail, déménagement,
mariage.) à laquelle la personne s’adapte en acceptant d’évoluer. Ce type de
bon stress débouche sur l’activation du processus de récompense (voir articles
précédent sur le stress) et la sécrétion d’hormones de plaisir : dopamine,
ocytocine, endomorphine (cette dernière étant sécrétée lors d'activité physique
intense, excitation, douleur et orgasme.)
La stimulation agréable de l’environnement est nécessaire,
vitale même à tout être humain. San stimulation, il n’y a pas de mouvement,
sans mouvement il n’y a pas de vie. Par exemple qu’un parent stimule son jeune
enfant à marcher, qu’un professeur demande a un élève qui a appris sa poésie
seul de la réciter devant ses camarades ou qu’un chanteur chante en public sa
nouvelle chanson devant un public, sont des stimulants permettant entre autre
de « consolider ses acquis »[5]
par la « reproduction récompensée »[6].
La stimulation désagréable de l’environnement ou mauvais
stress est une action, un événement en face duquel la personne ne peut s’adapter.
Par nature ou par son importance l’action, ou l’événement est un problème
insoluble (au moins temporairement) pour la personne.
Le bon stress est récompensé et le mauvais entraine une punition
Cette notion de reproduction récompensée est primordiale :
la plupart de nos sociétés ont basé tous leurs échanges sociaux et leur système
éducatif sur ce principe de la récompense et de la punition. Vous êtes
récompensés (médaille, prix d’excellence, applaudissement, big hug, etc.) pour
vos bonnes actions et vous êtes punies (blâme, bonnet d’âne, hué, rejet, etc.) par
les groupes sociaux avec lesquels vous avez des échanges.
Notre société reprend extérieurement un fonctionnement de
notre système neuroendocrinien. En effet notre cerveau à deux grands systèmes
qui ont, en très résumé, deux rôles antagonistes :
1.
Le système de récompense : 1. Il sécrète des
hormones de plaisir « ce qui fait du bien au corps ». 2. Il encourage
inconsciemment à reproduire l’action via le « système d’activation de l’action »
2.
Le système de punition : 1. Il sécrète des
hormones de douleur « ce qui fait mal au corps ». Il décourage la
reproduction de l’action et stimule le cerveau à envisager une nouvelle stratégie
victorieuse.
Comprenons-nous bien : le mauvais stress est profitable
à tout être humain du temps qu’il se produit qu’une fois. Dans ce cas, il
représente une source fiable d’expérience à condition que la personne trouve en
elle les ressources afin de changer de stratégie et parvienne à solutionner
dans un second temps ce qui fut un échec. En transcendant ces limites personnelles,
elle se valorise et prend confiance en elle.
Le cauchemar du cerveau ou le stress chronique
Le cauchemar du
cerveau humain est de faillir à sa tâche, à savoir : maintenir un milieu
de vie sain en s’adaptant au milieu de vie.
Dans certains cas,
l’être humain peu être amener un maintenir dans le temps par obligation une
situation de vie qui le stress.
C’est les fameuses
phrases du type : « ma foi c’est comme ça », « on n’a pas le
choix », etc.
Le stress chronique
détruit de manière pratiquement invisible la santé de la personne qui, ne s’en
aperçoit bien que trop tard, lorsque les symptômes pathologiques sont très
importants (et souvent graves).
Pour en sortir la
personne doit impérativement sortir d’un comportement dans lequel elle donne aux
autres le droit de décider pour elle. Car oui, l’être humain a le choix,
toujours de vivre mieux que ce qu’il ne vit aujourd’hui, s’il consent à changer !!
Jean-Christian Balmat
[1] Les
catécholamines sont des composés organiques synthétisés à partir de la tyrosine
et jouant le rôle d'hormone ou de neurotransmetteur.
Les catécholamines les plus courantes sont
l'adrénaline (épinéphrine), la noradrénaline (norépinéphrine) et la dopamine.
Elles sont synthétisées par les cellules de la médullo-surrénale et par les
neurones postganglionnaires du système nerveux orthosympathique. L'adrénaline
agit en tant que neurotransmetteur dans le système nerveux central et comme
hormone dans la circulation sanguine. La noradrénaline est principalement un
neurotransmetteur du système nerveux sympathique périphérique, mais se retrouve
présente dans le sang.
L'état de stress augmente le taux de catécholamines
dans le sang. Au cours d'une activité physique, les catécholamines induisent
des modifications physiologiques de l'organisme : augmentation de la fréquence
cardiaque, de la pression artérielle et du taux de glucose dans le sang.
Source : Wikipédia.
[2] Les
glucocorticoïdes sont des corticostéroïdes qui ont une action sur le
métabolisme protidique et glucidique. Les glucocorticoïdes naturels sont la
cortisone et l'hydrocortisone (ou cortisol). Les glucocorticoïdes de synthèse
sont soit à effets courts (le prednisone), soit à effets intermédiaires
(paraméthasone), soit à effets prolongés (bétaméthasone). Les médicaments
s'appellent anti-inflammatoires stéroïdiens quand ils sont employés à cet
effet. Source : Wikipédia.
[3]
Sources : ouvrages de H. Laborit
·
La Nouvelle grille (1974), essai.
·
Éloge de la fuite (1976), essai.
[4] Les cellules Bêta produisent et libèrent de manière
endocrine l'insuline, hormone participant à la régulation du taux de glucose
dans le sang, ou glycémie.
[5] « Consolider
ses acquis » est la prise de confiance d’un être humain dans la
réalisation d’une action précise
[6] La « reproduction
récompensée » est le comportement qui, réalisé par la personne, lui vaut
une récompense de son environnement. Cette récompense est synonyme de
reconnaissance et par via de conséquence à un effet valorisant puissant.
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