samedi 18 octobre 2014

Sagesse du Milieu: Vaincre le stress (1ère partie)

Le stress est la maladie de l’homme moderne. Loin d’être anodine, cette pathologie créé un surfonctionnement de l’ensemble du métabolisme et du système psychoaffectif.

Dans de trop nombreux cas, les personnes souffrant de stress le subissent sans pouvoir agir de façon à le réduire voir à la supprimer.

Hors pouvoir, c’est savoir : connaitre le stress, le comprendre, identifier les conditions dans lesquelles il se déclenche c’est accéder à la possibilité de mettre en œuvre une hygiène de vie et des comportements qui permettent de se protéger du stress


Symptômes du stress

Boule au ventre, mains moites, le cœur qui s’emballe, des bouffées de chaleur….si ces sensations vous sont familières c’est que vous souffrez du mal du siècle : le stress.

Des rythmes de travail effrénés,  la gestion du quotidien, les embouteillages, la présence agaçante des autres sont tout autant de sources de stress avec lesquels il faut évidemment composer.

Définition du stress

Il faut savoir que le stress est un phénomène d’adaptation du corps qui nous permet de réagir à notre environnement. Dès que nous sommes confrontés à une situation stressante le cerveau va envoyer un signal aux surrénales pour qu’elles libèrent des hormones, les catécholamines[1] comme l’adrénaline. Ses hormones vont augmenter la fréquence cardiaque, la tension artérielle la température du corps, la respiration, tout cela pour amener plus d’oxygène aux muscles et au cœur.

Notre niveau de vigilance est alors à son maximum, notre corps est en alerte, prêt à réagir. Si la situation persiste l’organisme entre en phase de résistance.

De nouvelles hormones, les glucocorticoïdes[2] sont sécrétés et vont augmenter le taux de sucres dans le sang pour apporter l’énergie nécessaire aux muscles au cœur et au cerveau. Toutes ces secrétions hormonales sont normalement régulées par des capteurs qui se tournent dans le sang et par le cerveau. Mais si la situation stressante se prolonge plus, l’organisme est débordé et il va produire toujours plus d’hormones et il va entrer dans un état de stress chronique et il va finir par s’épuiser.
Si le stress n‘est pas traité correctement  il peut générer des insomnies et de la dépression.

Même si nous vivons au 21ème siècle, une ère hautement technologique, l’être humain reste, dans son fonctionnement, un primate. Confronté à une situation de conflit, effective objectivement ou qu’il perçoit comme tel, tout son organisme et surtout le système neuroendocrinien, le système cardio-vasculaire et le cerveau primitif ou reptilien, siège des instincts, se prépare à l’action avec deux types de « programmes »
  1. Le combat
ou
  1. La fuite
Hélas, le problème pour l’humain moderne est que ces deux alternatives sont souvent impossibles à mettre en place. Se trouvant dans l’impossibilité d’agir, il doit dès lors s’adapter à cette situation. C’est ici qu’apparait le stress biologique par inhibition de l’action largement évoqué par Pr Henri Laborit[3].

Pour conserver son équilibre psychoaffectif intérieur face à ce stress exogène, l’humain va devoir puiser dans ses ressources intérieures, à savoir sa personnalité qu’il a forgée au fil de ses expériences sur la base de son hérédité, personnalité qui conditionnera sa capacité à gérer le conflit et ses conséquences.
Rappelons que la personnalité de l’être humain se construit et se réorganise en permanence en fonction de l’éducation dispensée par le milieu familial, son vécu antérieur et son environnement présent affectif et matériel. La capacité d’adaptation de chacun a donc des limites liées aux « caractéristiques » de sa personnalité et à son environnement.

Une fois cette capacité dépassée (anxiété inhibitrice) ou épuisée (asthénie, dépression), apparait ce que nous appelons le syndrome de désadaptation avec les conséquences suivantes :
·         Anxiété
·         Insomnie
·         Dépression
·         Troubles compulsifs alimentaires (TOC), anorexie-boulimie
·         Et, on l’oublie, avec comme conséquence indirecte la toxicomanie (médicaments, alcool, drogues dures) compensatrice



Stress et adaptations physiologiques


Lorsque l’on étudie le fonctionnement du système nerveux, comprendre les modifications fonctionnelles qu’entraine le stress est essentiel.
Le stress est à la base une modification de l’environnement externe qui entre en contact (relations humaines) ou pénètre (aliments, allergènes) la personne. Cette modification entraine une perception :
·         Agréable : par exemple lorsqu’un gros travail nous attend, un départ en voyage est imminent, lorsqu’un discours doit être prononcé. C’est le bon stress qui accompagne notre vie quotidienne et nous stimule en nous forçant à nous adapter. Mais c’est surtout grâce à ce stress que l’enfant apprend, se construit en pose des acquis qui finissent au bout d’une vingtaine d’années par l’amener au stade adulte.
·         Désagréable : par exemple en cas d’attaque, de mobbing, d’agression sexuelle, de pressions familiales ou professionnelles. Ce stress génère un sentiment de douleur soit physique soit psychoaffective par incapacité pour la personne à répondre au stimulus de façon adéquate ou attendue. Le stimulus étant une pensée, une émotion ou une action qui viole « la loi », constitué de l’ensemble des valeurs de la personne concernée. Ce stress met en évidence l’incapacité de la personne à s’adapter. Ne pouvant pas répondre au stimulus, elle se trouve en rupture avec son environnement.

Lors d’une exposition prolongée à un facteur de stress, trois phases se succèdent :
1.      Réaction d’alarme : déclenchée par l’hypothalamus qui stimule la partie sympathique du SNA et la médullosurrénale, ce qui produit :
a.       Une augmentation du taux de glucose dans le sang et un afflux d’oxygène vers les organes
b.      Une augmentation de la fréquence cardiaque
c.       Une dilatation des voies aériennes
d.      Un ralentissement des activités du tube digestif
2.      Période de résistance : plus longue que la réaction d’alarme, elle produit :
a.       Une sécrétion d’hormones qui maintient le corps en état de catabolisme
b.      Une mise à disposition de l’énergie (glucose) énorme par rapport à la normale ce qui affaiblit d’autant les capacités immunitaires et de régénération du corps.
3.      Épuisement : les ressources de l’organisme s’épuisent durant la période de résistance. L’exposition prolongée à des concentrations élevées de cortisol ou d’autres hormones lors du stade de résistance amène :
a.       L’atrophie musculaire
b.      La suppression du système immunitaire
c.       L’ulcération des voies gastro-intestinales
d.      La défaillance des cellules bêta du Pancréas[4]



Bon et mauvais stress

Il est important de noter qu’il existe un bon stress, c’est-à-dire une stimulation de l’environnement (changement de travail, déménagement, mariage.) à laquelle la personne s’adapte en acceptant d’évoluer. Ce type de bon stress débouche sur l’activation du processus de récompense (voir articles précédent sur le stress) et la sécrétion d’hormones de plaisir : dopamine, ocytocine, endomorphine (cette dernière étant sécrétée lors d'activité physique intense, excitation, douleur et orgasme.)

La stimulation agréable de l’environnement est nécessaire, vitale même à tout être humain. San stimulation, il n’y a pas de mouvement, sans mouvement il n’y a pas de vie. Par exemple qu’un parent stimule son jeune enfant à marcher, qu’un professeur demande a un élève qui a appris sa poésie seul de la réciter devant ses camarades ou qu’un chanteur chante en public sa nouvelle chanson devant un public, sont des stimulants permettant entre autre de « consolider ses acquis »[5] par la « reproduction récompensée »[6].

La stimulation désagréable de l’environnement ou mauvais stress est une action, un événement en face duquel la personne ne peut s’adapter. Par nature ou par son importance l’action, ou l’événement est un problème insoluble (au moins temporairement) pour la personne.

Le bon stress est récompensé et le mauvais entraine une punition


Cette notion de reproduction récompensée est primordiale : la plupart de nos sociétés ont basé tous leurs échanges sociaux et leur système éducatif sur ce principe de la récompense et de la punition. Vous êtes récompensés (médaille, prix d’excellence, applaudissement, big hug, etc.) pour vos bonnes actions et vous êtes punies (blâme, bonnet d’âne, hué, rejet, etc.) par les groupes sociaux avec lesquels vous avez des échanges.

Notre société reprend extérieurement un fonctionnement de notre système neuroendocrinien. En effet notre cerveau à deux grands systèmes qui ont, en très résumé, deux rôles antagonistes :
1.      Le système de récompense : 1. Il sécrète des hormones de plaisir « ce qui fait du bien au corps ». 2. Il encourage inconsciemment à reproduire l’action via le « système d’activation de l’action »
2.      Le système de punition : 1. Il sécrète des hormones de douleur « ce qui fait mal au corps ». Il décourage la reproduction de l’action et stimule le cerveau à envisager une nouvelle stratégie victorieuse.

Comprenons-nous bien : le mauvais stress est profitable à tout être humain du temps qu’il se produit qu’une fois. Dans ce cas, il représente une source fiable d’expérience à condition que la personne trouve en elle les ressources afin de changer de stratégie et parvienne à solutionner dans un second temps ce qui fut un échec. En transcendant ces limites personnelles, elle se valorise et prend confiance en elle.


Le cauchemar du cerveau ou le stress chronique


Le cauchemar du cerveau humain est de faillir à sa tâche, à savoir : maintenir un milieu de vie sain en s’adaptant au milieu de vie.
Dans certains cas, l’être humain peu être amener un maintenir dans le temps par obligation une situation de vie qui le stress.
C’est les fameuses phrases du type : « ma foi c’est comme ça », « on n’a pas le choix », etc.
Le stress chronique détruit de manière pratiquement invisible la santé de la personne qui, ne s’en aperçoit bien que trop tard, lorsque les symptômes pathologiques sont très importants (et souvent graves).
Pour en sortir la personne doit impérativement sortir d’un comportement dans lequel elle donne aux autres le droit de décider pour elle. Car oui, l’être humain a le choix, toujours de vivre mieux que ce qu’il ne vit aujourd’hui, s’il consent à changer !!


                                                                                     Jean-Christian Balmat






[1] Les catécholamines sont des composés organiques synthétisés à partir de la tyrosine et jouant le rôle d'hormone ou de neurotransmetteur.
Les catécholamines les plus courantes sont l'adrénaline (épinéphrine), la noradrénaline (norépinéphrine) et la dopamine. Elles sont synthétisées par les cellules de la médullo-surrénale et par les neurones postganglionnaires du système nerveux orthosympathique. L'adrénaline agit en tant que neurotransmetteur dans le système nerveux central et comme hormone dans la circulation sanguine. La noradrénaline est principalement un neurotransmetteur du système nerveux sympathique périphérique, mais se retrouve présente dans le sang.
L'état de stress augmente le taux de catécholamines dans le sang. Au cours d'une activité physique, les catécholamines induisent des modifications physiologiques de l'organisme : augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et du taux de glucose dans le sang. Source : Wikipédia.
[2] Les glucocorticoïdes sont des corticostéroïdes qui ont une action sur le métabolisme protidique et glucidique. Les glucocorticoïdes naturels sont la cortisone et l'hydrocortisone (ou cortisol). Les glucocorticoïdes de synthèse sont soit à effets courts (le prednisone), soit à effets intermédiaires (paraméthasone), soit à effets prolongés (bétaméthasone). Les médicaments s'appellent anti-inflammatoires stéroïdiens quand ils sont employés à cet effet. Source : Wikipédia.
[3] Sources : ouvrages de H. Laborit
·         La Nouvelle grille (1974), essai.
·         Éloge de la fuite (1976), essai.
[4] Les cellules Bêta produisent et libèrent de manière endocrine l'insuline, hormone participant à la régulation du taux de glucose dans le sang, ou glycémie.
[5] « Consolider ses acquis » est la prise de confiance d’un être humain dans la réalisation d’une action précise
[6] La « reproduction récompensée » est le comportement qui, réalisé par la personne, lui vaut une récompense de son environnement. Cette récompense est synonyme de reconnaissance et par via de conséquence à un effet valorisant puissant. 

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