mercredi 6 novembre 2013

Sagesse du Milieu: Comment ne plus avoir peur de demain ? (2ème partie)

Les effets de la peur


La peur a d’importants effets physiologiques. Elle génère :
1.     Des tremblements
2.     Une hausse de la fréquence cardiaque
3.     Un écarquillement des yeux
4.     Une perturbation du rythme respiratoire
5.     De la sueur
6.     Des maux de ventre

La peur peut aussi provoquer une paralysie momentanée partielle et parfois complète, allant jusqu'à une perte de conscience.
Ces manifestations sont essentiellement dues à la sécrétion d'adrénaline, principale hormone de la peur.



La nécessité de la peur


Dans la construction de la personnalité de l’enfant, la peur est vitale car elle intimement liée à l’instinct de conservation.
Sans elle, il se brûlerait, escaladerait tout et n’importe quoi. Par son action, il apprend à veiller à son intégrité corporelle.
La peur raisonnable entretient la vie. Si elle disparait, le comportement suicidaire apparait.



Le contrôle par la peur


La peur est un sentiment qui, de tout temps, a été utilisé afin de contrôler les foules et les peuples. Dans les systèmes totalitaires (ou anciennement dans l’esclavage), la menace de punition ou de mort en cas de désobéissance est clairement identifiée. Dans des systèmes démocratiques où la menace n’est pas explicite, la pensée et les émotions du peuple sont contrôlées via les informations déformées relayées par des médias à propos de menaces plus abstraites ou même virtuelles.



Ne plus avoir peur de sa peur


« Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas… Si le loup y était, il nous mangerait. Mais comme il n’y est pas, il ne nous mangera pas ».
Faire face à ces peurs permet de ne plus les fuir afin de commencer à effectuer un travail de fond. La peur ne tue pas, elle informe.



Comment travailler sur ses peurs


La cause primaire de la peur est l’ignorance. Ce qui génère une peur globale de l’inconnu.
Nos peurs sont à l’image d’un oignon et se superposent par couches[1]. Il convient de commencer le travail sur la peur par celles qui sont secondaires afin de remonter jusqu’à la peur-mère de laquelle toutes les autres découlent.
Chaque peur peut être désamorcée par la connaissance de ce qui fut ignoré. Alors que l’inconnu génère la peur, la découverte de ce dernier permet d’en « définir les contours » et de le transmuter en constituant familier.
Comme nous l’avons vu, l’enfant sain a des peurs qui doivent s’estomper à l’âge adulte par l’apprentissage et l’intégration de notions ignorées par l’enfant.
Vaincre ses peurs c’est affronter son ignorance. Pour celui qui effectue ce travail, aucune peur n’est invincible, même la peur de la mort. Dans chaque cas, chercher à acquérir une connaissance spécifique devra se faire dans le respect de ce que l’individu est vraiment.



Travailler sur l’angoisse[2]


Comme nous l’avons dit dans le précédent chapitre « Une peur prolongée ou répétée entraîne un sentiment d'angoisse. L'angoisse est une peur intense, parfois chronique ».
En comportementalisme, l’angoisse est définie comme un comportement relié à une émotion durable de peur sans stimulus externe (objet) clairement défini. Les angoissés pathologiques développent une peur démesurée voire même exagérée par rapport à certaines situations. Ils n'arrivent plus à se contrôler et ce d'une manière permanente. Selon certaines statistiques, 20% de femmes sont concernées pour 10% d'hommes.
Sa forme la plus aigüe est la crise d’angoisse (ou attaque de panique) alors qu’à moindre niveau elle apparait sous la forme de timidité ou d'inhibition. Nous sommes en présence d’une crise d’angoisse si au moins quatre des symptômes ci-dessous apparaissent en moins de dix minutes :
  1. palpitations, battements de cœur
  2. transpiration
  3. tremblements
  4. impression d'étouffement
  5. sensation d'étranglement
  6. douleur, gêne thoracique
  7. nausée ou gêne abdominale
  8. sensation de vertige ou d'évanouissement
  9. déréalisation (sentiment d'irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
  10. peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou
  11. peur de mourir
  12. sensations d'engourdissement
  13. frissons ou bouffées de chaleur
  14. fatigue
  15. des pleurs

A noter qu’une crise d’angoisse se déroule durant une période de temps limité et se caractérise par des craintes et des malaises intenses. Les crises d’angoisse apparaissent en général au stade adulte.
Elles surviennent souvent dans un environnement de stress et d'anxiété permanent. Il existe un véritable cercle vicieux, chaque attaque provoquant un climat qui favorise l'apparition de nouvelles crises.



La manifestation de l’angoisse


Trois aspects de la manifestation de l’angoisse sont à prendre en compte :
1.     L’aspect psychologique : Le sentiment de peur, d'inquiétude perturbe la concentration, l'attention, la mémoire.
2.     L’aspect physique : manifestations des symptômes décrits ci-dessus.
3.     L’aspect comportemental avec deux types de réactions face à l’angoisse :
a.      L’inhibition totale : l’individu ne peut pas agir, est figé, bloqué dans la passivité.
b.     L’agitation désordonnée : l’individu ne peut tenir en place. Il ira jusqu’à fuir physiquement s’il perçoit un risque ou se sent menacé
Plus l’individu a peur de quelque chose, plus il a tendance à l’éviter ou à renoncer. Cette attitude renforce le sentiment d’angoisse.



Les causes de l’angoisse


L’angoisse a très souvent son origine dans la petite enfance. Une éducation emplie d’humiliations permanentes inhibe l’acquisition de la confiance de l’enfant, puis l’adulte amplifie les manifestations d’inquiétude face à des situations stressantes pour l’individu. De même, une éducation trop protectrice de parents agissant à la place de leur enfant ou les mettant continuellement en garde contre tout et tout le monde, crée un climat de méfiance constant chez l’enfant, puis en l’adulte, aggravant le manque de confiance en lui et dans les autres.
Plus rarement, des chocs au stade adulte pourront conduire à des angoisses et à l’anxiété.



L’angoisse permanente


Lorsque le sentiment d’angoisse devient permanent on l’appelle le trouble anxieux généralisé (TAG). C’est une angoisse permanente de l’individu face à l’avenir, une peur systématique de l’imprévu et l’impossibilité de se réjouir pour un événement futur. Il appréhende toujours un imprévu.



Le stress post traumatique


Le stress post traumatique est la forme grave de l’angoisse et survient après un choc traumatique important (par exemple : guerre, viol). Les symptômes peuvent apparaître plusieurs semaines ou mois après le drame.



Comment travailler sur ses angoisses


Symboliquement, l’angoisse est liée à la mère, tout comme la peur est plutôt liée au père. Le manque de confiance est le terreau psycho-affectif dans lequel elle se développe.
Dans la mesure où les manifestations pathologiques ne sont pas trop graves, un travail personnel peut être effectué. Dans le cas de crises d’angoisse, il est essentiel que la prise en charge soit faite par un médecin.
Nous avons vu que l’angoisse est éprouvée lorsque l’individu est en déficit de confiance. Or, la confiance est acquise au travers de la réalisation d’actes concrets.
La première étape de ce travail personnel sur l’angoisse doit être faite en dressant « une carte des angoisses ». C’est-à-dire que la personne souffrant de cette problématique, doit chercher à définir le plus clairement possible ses angoisses :
1.     Quelles sont les situations relationnelles ou de vie qui déclenchent les angoisses ?
2.     Y a-t-il des signes avant-coureurs qui précèdent les angoisses ? Si oui lesquels ?
3.     Quelles situations la personne cherche-t-elle à éviter ?

Le but atteint, la personne en souffrance devra chercher à littéralement produire intérieurement des sentiments positifs contraires à l’angoisse : la confiance, mais aussi l’encouragement, le maintien du calme et de la sérénité. Ce travail sera de qualité si la personne détermine la période fondatrice de ses angoisses. Dans son for intérieur, elle cherchera à combler les manques qu’elle a réellement subit. L’angoisse est comme un trou dans lequel l’angoissé tombe sans pouvoir lutter. Par contre, s’il parvient à maintenir l’angoisse à un niveau très bas en générant des sentiments positifs, peu à peu, il gagnera, avec sa nouvelle confiance active, du terrain sur la zone de lui-même qu’il avait abandonné à l’angoisse.
Certaines méthodes comme la méditation peuvent apporter énormément en tant qu’outil personnel générant les qualités sentimentales.
Alors que l’angoisse est intimement liée à la passivité, l’individu ayant des angoisses à l’encontre de son angoisse, donc du mal à en parler et encore plus à la contrôler, le travail sur celle-ci devra impérativement être actif et dans le mouvement. La volonté positive de changer le cours des choses en prenant le contrôle de l’angoisse est essentielle afin que l’estime de soi augmente. Cela peut paraitre évident mais l’individu devra impérativement chercher à être fier de lui-même en se fixant des objectifs positifs possibles à atteindre afin que sa perception de lui-même soit de plus en plus positive.
L’angoisse est une pathologie très invalidante pour celui qui l’expérimente dans la vie quotidienne. Un processus thérapeutique peut apporter des outils afin de combler les manques intérieurs. Ce travail est aussi celui qui consiste à se donner de l’amour, de la confiance et de l’encouragement. Oser faire table rase des regrets envers le passé qui n’a pas été idéal et de combler enfin les manques est essentiel. La positivité sans pourtant devenir euphorique est le médicament le plus efficace. Le niveau d’angoisse devra être surveillé afin que l’individu évite « de se faire surprendre » par une angoisse inattendue.
L’individu devient le créateur d’une vie nouvelle, une vie dans laquelle il a confiance en lui et en ses ressources intérieures. Une vie dans laquelle il va oser faire ce qui lui est cher sans renoncer de peur de l’angoisse. La confiance en soi n’est pas innée mais acquise : elle se travaille au travers des actes du quotidien.


                                                                                     Jean-Christian Balmat





[1] La peur fondatrice est au centre et la plus vieille des peurs. Les peurs secondaires s’agglomèrent ensuite par couches jusqu’à la plus superficielle, qui est également la plus visible.

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