mercredi 1 mai 2013

Sagesse du Milieu: Le centre de l’homme n’est pas sa tête mais son ventre (article 3)



La tête pense tandis que le ventre éprouve et agit


Tandis que le cerveau se loge dans la boîte crânienne, le système entérique se trouve « dans le ventre ». Plus exactement, le système entérique se situe tout au long du système digestif.

Autant la tête doit mettre en œuvre des stratégies afin de répondre aux stimuli du monde extérieur, autant le ventre commande tout mouvement du corps.



Système nerveux entérique (SNE) en détail


Le système nerveux entérique (SNE) est la partie du système nerveux autonome qui contrôle le système digestif aussi bien pour l'activité motrice (péristaltisme[1] et vomissements) que pour les sécrétions et la vascularisation.
Le système nerveux entérique est constitué de deux plexus ganglionnaires qui s'étendent sur toute la longueur du tube digestif[2].
Bien qu’il soit en interaction avec les autres composantes du SNA, le SNE fonctionne d’une manière indépendante et autonome. Les anglophones le nomment « Brain gut » signifiant « cerveau viscéral ». Il est composé d’environ 200 millions de neurones, soit mille fois moins que le cerveau, mais autant que la moelle épinière.

On peut schématiquement catégoriser les neurones en trois types distincts :
1.     Neurones sensitifs
2.     Neurones effecteurs peuvent être de type moteur ou glandulaire. Les neurones moteurs sont à l'origine de deux types de mouvements : les cadences rythmiques qui constituent le péristaltisme et les mouvements réflexes en réponse à une stimulation des neurones sensitifs. Les neurones glandulaires contrôlent la sécrétion.
3.     Interneurones



La complémentarité de la tête et du ventre


Alors que la tête est le chef d’orchestre de l’entité humaine, on peut qualifier le ventre de douanier en charge de la protection de l’intégrité de celle-ci. D’un point de vue symbolique, la tête correspond au psychisme et le ventre au corps : un être humain qui nie son ventre est un peu comme un cavalier qui lacère les flancs de son cheval jusqu’au sang sans essayer de comprendre pourquoi son fidèle compagnon refuse de lui obéir.

Le ventre a pour rôle d’alerter la tête sur un danger à venir ou déjà en action. Son rôle est par définition vital et le dénier est l’équivalent de vivre les « yeux fermés » sur le danger. Le ventre de l’être humain lui montre ses faiblesses et ses peurs ; c’est pourquoi beaucoup d’adultes le deviennent en niant cette partie centrale d’eux-mêmes, car elle les oblige à tenir compte d’une partie qui, lorsqu’elle perçoit un danger ou un élément inconnu, se rappelle à la tête.

L’occulter, c’est nier son histoire ; l'utiliser, c’est apprendre à marier l’information sensorielle résultant du contact avec le monde extérieur et l’envie de la tête de vivre quelque chose de précis concrètement. Marier ce que l’individu désire devenir ou faire avec la réalité présente, nécessite de manier intérieurement l’art de la concession.

La différence majeure entre la tête et le ventre est qu’ils ne vivent pas dans le même plan : la tête vit dans l’abstrait du psychisme alors que le ventre vit le concret. Imaginez avec votre tête construire un immense building. C’est l’affaire de quelques secondes. Par contre, le ventre sait que ce n’est pas réalisable aussi rapidement et renvoie de suite à la tête un message dans ce sens. Ce qui est susceptible de créer un conflit alors qu’il suffirait que la tête fasse l’effort de tolérer la différence entre son monde et celui du ventre pour que ce dernier puisse réaliser le projet imaginé.



L’interface entre la tête et le ventre : le cœur


Tout comme il faut des sentiments positifs et constructifs entre deux êtres humains pour que leur relation soit profitable aux deux, il est nécessaire de créer un lien entre la tête et le ventre.
À l’image de la relation de qualité se base sur l’amour, la compassion, la tolérance, l’empathie, etc. la relation intérieure entre la tête et le ventre a les mêmes vertus.

C’est pourquoi j’appelle symboliquement ce lien le cœur. Ce lien permet d’établir un dialogue en temps réel entre ses deux cerveaux.

Alors qu’un ordinateur utilise un langage binaire, l’être humain se devra de comprendre que l’absence de communication entre la tête et le ventre réduit l’Homme à l’état de singe sans poils. Un animal à sang froid qui impose intérieurement et extérieurement ses idées, ses projets et ses désirs sans tenir compte de leur réalisme.

1.     Le cœur permet une nuance que le psychisme déconnecté de la réalité concrète n’autorise pas.
2.     Le cœur sait que la souplesse est signe d’évolution et de faiblesse, ce que la tête a tendance à refuser
3.     Le cœur peut faire office de médiateur interne lorsque le ventre informe la tête qu’il a peur, qu’il est angoissé à l’idée de réaliser le projet de cette dernière.
4.     Le cœur permet de mettre en œuvre une énergie constructive qui permet de relier ces deux mondes polarisés afin que leur relation soit féconde.

La tête et le ventre de par leur polarisation extrême sont des opposés. Seul le cœur permet de les rendre complémentaires, car ils ne sont pas égaux, mais leurs fonctionnements se marient en mettant symboliquement au monde un bel enfant : une vie intérieure harmonisée permet à l’être humain de vivre avec ses congénères une vie sociale riche, constructive et respectueuse de toutes les parties, créant ainsi un environnement propice à l’épanouissement des qualités de chacun.



Conclusion


L’être humain est bien plus qu’une machine commandée par un ordinateur. Le corps humain à son propre cerveau, le système nerveux entérique, populairement appelé « tripes ».

Tenter de placer le cerveau au sommet de l’entité humaine réduit l’être humain à l’état d’organisme au fonctionnement binaire, à l’image d’un ordinateur. Or, en y intégrant le « cerveau ventral », il gagne tout ce qui est à la source de la magie dont est capable tout être humain : la nuance. Cette faculté prodigieuse de changer le cours de l'histoire, de cesser la reproduction de l’acte, de la parole ou du rituel issus de la tradition pour choisir, devenir quelqu’un d'autre, c’est la pleine mise en œuvre du libre-arbitre.

Notre cerveau ventral a deux grands rôles :
1.     Il nous informe passivement des émotions et sentiments intérieurs[3] qui résultent la relation qui nous avons avec le monde extérieur. Cette information est essentielle, car elle a pour but d’attirer notre attention sur des événements susceptibles d’être dangereux au pire ou au moins qui annoncent un changement important de notre environnement.
2.     Il nous permet activement avec l’aide du cerveau « de la tête » de mettre en place une nouvelle stratégie afin de nous adapter à notre environnement en mutation constante, Le cerveau ventrale nous sert à sentir si la mise en œuvre de la nouvelle stratégie est une bonne chose en utilisant le feeling (qui évolue avec le temps en réelle « intuition »).

Utiliser nos deux cerveaux, c'est avoir les « pieds sur terre », le monde concret de la vie courante du cerveau ventral et la « tête dans les étoiles », le monde abstrait des projets, des rêves et des désirs du cerveau crânien.

Les deux sont magnifiquement complémentaires et permettent de mettre en œuvre avec intelligence et pragmatisme des nouvelles stratégies permettant de s’adapter quotidiennement aux changements de notre environnement.

Apprendre à prendre le dessus sur les émotions plutôt que de les nier permet à l’être humain de bénéficier d’une information qui va bien au-delà de l’apparence des choses et qui renseignent sur leur fond.




                                                                                     Jean-Christian Balmat




[1] Il s'agit de la progression des aliments de la bouche (plus précisément du pharynx) jusqu'au rectum (anus).

Ce phénomène physiologique, appelé également motilité digestive, est un mécanisme spontané du tube digestif. Sans péristaltisme, le brassage des aliments et l'absorption des nutriments, c'est-à-dire des éléments contenus dans les aliments, sont impossibles.
[2] Le plexus myentérique (ou plexus d'Auerbach), qui se trouve entre les muscles longitudinaux et les muscles circulaires, et le plexus submuqueux (ou plexus de Meissner), situé entre ces derniers et la muqueuse intestinale. Le premier contrôle la motricité et le second les sécrétions. Source : Wikipédia
[3] Ce que l’on appelle dans le langage courant le « feeling ».

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