lundi 9 mai 2011

Sagesse du Milieu / Travailler sur soi pas à pas Article 2 : Travailler sur la colère


Lorsqu’un individu éprouve de la colère, il génère dans ses relations une tension, susceptible de dégénérer en conflit. Tout comme lorsqu’une nation est en colère contre une autre, elle crée un terreau dans lequel la guerre peut naitre.

La colère contient en elle une énorme énergie qui, lorsqu’elle n’est pas maîtrisée, nous détruit ainsi que notre environnement. Combien de couples, de familles, de nations ont tout perdu à cause de la colère. Trop souvent considérée avec honte et exprimée indirectement dans notre culture, elle peut être régulée par ceux qui le désirent.

Dans la tradition catholique, la colère fait partie des sept péchés capitaux, avec la paresse, la gourmandise, l’orgueil, la luxure, l’avarice et l’envie. Pour les Bouddhistes, elle fait partie des trois poisons de l’esprit avec l’avidité et l’ignorance.



Quelle est la cause de la colère ?


La colère de quelqu’un est une protestation, plus ou moins contrôlable envers ce qui lui semble injuste et ce qui l’indigne. Face à quelque chose qui est « faux » et qui a le pouvoir de le détruire ou de le remette en question, l’être humain se met en colère.

Il est important de comprendre que la colère est totalement naturelle et normale pour tout être humain. Elle est la manifestation d’un état de stress, d’une protestation qui a pour but de repousser, de détruire ou de stopper une situation qui apparaît anormale ou injuste aux yeux de la personne en colère. De même, ce qui est susceptible de détruire génère une peur (la plupart du temps inconsciente), un stress négatif (voir ci-dessous), qui peut s’exprimer soit :
1.      Par la colère
2.      La fuite
3.      L’inhibition
La colère succède à un état de stress et en est l’expression.



Stress ou syndrome d’adaptation


Le stress ou syndrome général d'adaptation, est l'ensemble des réponses de l’organisme lorsqu’il est soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement.

On distingue deux types de stress :
1.      le stress positif (eustress en anglais) : c’est la stimulation positive de notre environnement qui nous pousse à évoluer par adaptation. Par exemple, toute l’éducation de nos parents, la scolarité, la fréquentation de gens différents, ainsi que la saine concurrence vécue dans le respect. Tout ceci est essentiel à notre évolution et nous rend meilleur.
2.      Le stress négatif (distress) : c’est la stimulation qui, de par sa nature, nous amène à penser que nous n’arriverons pas à nous adapter à cette modification de notre environnement. Tout ce qui menace notre intégrité en partie ou globalement est vécu comme un stress négatif et peut générer une réponse sous la forme de la colère.

Lors d’une exposition prolongée à un facteur de stress, trois phases se succèdent :
1.      Réaction d’alarme : déclenchée par l’hypothalamus qui stimule la partie sympathique du SNA et la médullosurrénales
·         + de glucose et + d’oxygène vers les organes
·         Augmentation de la fréquence cardiaque
·         Dilatation des voies aériennes
·         Ralentissement des activités du tube digestif
2.      Période de résistance : plus longue que la réaction d’alarme.
·         Sécrétion d’hormones maintenant le corps en état de catabolisme
·         Mise à disposition de l’énergie (glucose)
3.      Epuisement : ressources de l’organisme s’épuisent durant la période de résistance. L’exposition prolongée à des concentrations élevées de cortisol ou d’autres hormones lors du stade de résistance amène :
·         L’atrophie musculaire
·         La suppression du système immunitaire
·         L’ulcération des voies gastro-intestinales
·         La défaillance des cellules Bêta du Pancréas[1]


Les effets de la colère


La colère génère de profondes modifications physiologiques :
·         Une augmentation de l'activité cardio-respiratoire.
·         Une accélération du rythme cardiaque, donc un afflux de sang, notamment dans la partie supérieure du corps, le visage rougit entre autres.
·         Une accélération du rythme respiratoire. La respiration devient ample et rapide.
·         Une hausse du volume sonore de la parole.
·         Une contraction involontaire du corps dans son ensemble et en particulier des mains, qui peuvent se fermer en poing. Les sourcils se froncent, et les mâchoires se serrent, donnant une expression dure au visage. Les narines se dilatent afin d’augmenter l’apport d’air.
Comme vous pouvez le constatez, la colère est vécue par le corps comme un état de stress énorme. Inconsciemment, l’individu se préparent à l’action voir au combat. Cette adaptation permis à nos ancêtres de se défendre contre les grands prédateurs et les agressions menaçant leur intégrité.



Deux grands types de colère


La colère saine, c’est-à-dire exprimée extérieurement et qui ne dure pas dans le temps, peut avoir un effet bénéfique si elle n’est pas accompagnée de violence. Dans ce cas et à condition que l’environnement de celui qui est en colère entende et écoute, la colère a l’effet d’arrêter une situation, par exemple relationnelle, intenable, en permettant la mise en place d’un mode relationnel plus adapté à toutes les parties.

La colère malsaine est celle qui est censurée par l’individu lui-même ou par la société, qui n’écoute pas ou ne permet tout simplement pas son expression. A ce moment-là, l’individu s’enferme dans des zones de non-dits, qui parasitent sa relation à lui-même et aux autres à long terme.



Conséquences de la colère


Si tous les protagonistes sont capables d’accepter ce sentiment, d’en comprendre l’origine et de solutionner le problème, chacun évolue et grandit dans ce processus. Le plus important étant que ce processus permette de rétablir l’équité entre tous.

La colère, lorsqu’elle est mal acceptée par l’individu et/ou sont environnement, à des effets destructeurs. Sans même parler de violence, la colère détruit la relation telle qu’elle était jusque-là.
En cas de dénie, refus ou sentiment de rejet envers l’expression de ce sentiment, la relation est détruite par la colère créant un néant relationnel entre les protagonistes impliqués.

La colère non exprimée génère la frustration et le repli sur soi.



Apprendre à séparer les choses


En tant que thérapeute je pense qu’il est primordial que chacun « légalise » intérieurement sont droit à la colère.

Si nous apprenons à séparer les choses et que nous parvenons à différencier l’être humain, de son comportement, il est tout-à-fait permis de se nous nous mettre en colère contre une attitude, un sentiment, un acte, etc. sans détruire complétement la personne envers qui nous l’éprouvons.

Il y a du positif et du négatif dans chacun d’entre nous. Contester une partie de la personne lui permet d’évoluer à condition qu’elle écoute.

Par contre exprimer la colère en rejetant compléter le sujet de celle-ci à un effet dévastateur. Et ce n’est pas en détruisant l’autre qu’on évolue.



Comment travailler sur sa colère


Comme nous l’avons vu, la colère est un sentiment normal et doit être exprimée. Si nous voulons éviter de le faire « aveuglément », nous avons à nous poser certaines questions :

·         Pourquoi suis-je en colère ?
·         Contre qui suis-je en colère ?
·         Qu’a fait cette personne pour que j’éprouve cela ?
·         En quoi son action (que cela soit une action, une émotion ou une pensée) m’a-t-elle si profondément touchée ?
·         Qu’ai-je tellement besoin de faire entendre à l’autre ?
·         Que vois-je comme solution ?
·         Jusqu’où suis-je d’accord de faire un compromis ?

Et toutes les autres questions que nous pouvons nous poser afin de faire la lumière sur les causes profondes de notre colère. Nous pouvons le faire qu’à condition de nous plonger au fond de notre monde intérieur fait de pensées, d’émotions, d’idéaux et de convictions. Car que l’on veuille ou non ce que nous appelons « la vérité » est une description du monde qui nous est propre. Celle-ci inclus tous nos idéaux de vie et c’est en s’en rapprochant que nous accédons à notre propre bonheur. Dans cette condition, nous devenons aptes à partager du bonheur avec les autres devant lesquels nous ne sommes plus frustrés. Ce n’est pas en attendant que l’extérieur nous apporte le bonheur que nous allons être heureux mais en le construisant intérieurement.



Transformer la colère en énergie constructive


Le but à poursuivre est de transformer la colère en énergie constructive de création. La colère exprime un mécontentement, un sentiment d’injustice envers quelque chose que nous avons ressenti.

Nous pouvons changer cela en énergie créatrice d’un monde plus juste pour nous. En exprimant ce qui est juste et en le créant chaque jour au travers d’actes concrets, nous sortons de la colère destructrice et entrons dans une énergie créatrice de Vie, meilleure pour nous. En procédant de la sorte, nous devenons un meilleur être humain pour nous-mêmes et notre environnement.



Conclusion


La colère n’est ni une fatalité, ni une maladie honteuse. C’est un sentiment normal à court terme qui a malheureusement un pouvoir destructeur énorme sur le moyen et long terme. Alors utilisons-la afin de dire STOP à ce que nous ne pouvons tolérer et astreignons-nous à trouver ensuite une solution.

Ce travail vous permettra enfin d’accéder à la paix intérieure que nous recherchons tous.



                                                                                     Jean-Christian Balmat


Depuis 1991, l’école de la Sagesse du Milieu vous propose :




[1] Les cellules Bêta produisent et libèrent de manière endocrine l'insuline, hormone participant à la régulation du taux de glucose dans le sang, ou glycémie.

1 commentaire:

  1. Quand l'injustice ressentie et donc source intarissable de colère, dépend d'une intolérance face à autrui, je me sens coincée pour la solutionner. Par exemple, je constate chez moi une intolérance récurrente face à des personnes qui se déresponsabilisent ou face à moi-même quand je fuis mes responsabilités. Je ne trouve pas de solution car je n'arrive pas à comprendre comment tolérer quelque chose que j'estime intolérable. Et le fait d'être intolérante face à ce comportement, me confronte souvent à des situations d'injustices qui me mettent en colère. Solutionner ce problème, pour être en paix face à la déresponsabilisation, me tient à coeur, car je perds trop d'énergie pour vivre cela d'une manière saine.
    Merci d'avance pour une ou deux pistes.
    Elo

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