Depuis longtemps, les méthodes de travail sur la respiration sont monnaie courante en orient. Si ces techniques ont été développées, c’est pour une raison simple : travailler sur la respiration permet de maîtriser ses émotions, ses pensées et d’accéder au bien-être dans un premier temps. Puis cela permettra d’accéder à la spiritualité pour ceux que cela intéressent.
Cela peut paraitre, à priori, une théorie farfelue. Mais chacun peut observer le changement de rythme respiratoire lorsque nous sommes soumis à un stress, une forte émotion ou un choc soudain. En effet bien que l’ « homme intellectuel » pense d’une manière cognitive et manie des concepts abstraits facilement, il est devancé dans tous les cas d’urgence par le cerveau reptilien de l’ « homme instinctif ». A ce moment, la sensation de perte de maîtrise est à son paroxysme : le réfléchi est supplanté par l’instinctif.
Ce côté instinctif primordial qui assure la réalisation des trois fonctions vitales (respirer, s’alimenter et se reproduire) ne doit pas être « réduit au silence » mais, dois, au contraire canaliser nos pulsions de vie. Il est essentiel à notre vie car il en est le moteur : notre mental le dirige tant que le niveau de stress est bas.
C’est pourquoi, les orientaux ont mis au point depuis des temps immémoriaux, des méthodes visant à acquérir le contrôle sur le côté instinctif, via un travail à la portée de tous sur la respiration.
Fonctions cachées de la respiration
Les fonctions respiratoires physiologiques sont à l’heure actuelle connues de tous au moins dans les grandes lignes. Cependant, lorsque nous essayons de comprendre le rôle de la respiration dans la maîtrise des émotions et des pensées, il convient de bien prendre en compte la réaction au niveau respiratoire de l’être humain, lors d’un choc : la plupart du temps, l’effroi produit un blocage de la respiration. La colère par contre, va l’accélérer et « la faire monter ». La respiration se fait alors au niveau du thorax et superficiellement. Dans tous les cas, les inspirations sont plus importantes que les expirations.
Bien que cela soit un très réducteur, nous pouvons dire que lors de nos échanges sociaux nous absorbons les actes, les émotions et les pensées de nos congénères lors de la phase inspiratoire, nous intégrons ces informations durant l’apnée et nous répondons lors de l’expiration. Les enfants perdent souvent leur maîtrise innée de la respiration ventrale (au niveau de la partie basse de l’abdomen) lors de chocs émotionnels mal intégrés. Arrivé au stade adulte, la plupart des êtres humains respirent mal. Et qui dit mauvaise respiration, dit mauvaise oxygénation.
Les buts à atteindre
Le but à atteindre est de parvenir à placer sa respiration au niveau du bas ventre et de l’y maintenir. Cela est difficile au début, mais petit à petit, chacun peut parvenir à contrôler un peu plus longtemps sa respiration.
Moyens d’y parvenir
Le moyen le plus direct d’y parvenir est la méditation. A genoux, assis ou en position du lotus la personne parvient, en se concentrant totalement sur sa respiration, à se détacher peu-à-peu de ses cinq sens et de leur flux d’informations incessant.
Après une pratique assidue, le travail méditatif permet, par le détachement des émotions et des pensées superficielles, d’accéder au travail sur le soi profond : travail sur l’Être et non l’avoir.
Il est surtout un travail exigeant tout en restant à la portée de tous. Une fois que la discipline a été acquise ce travail apporte tellement de résultats positifs que l’effort consenti est largement récompensé.
Les gains obtenus
Le travail sur la respiration via la méditation permet d’atteindre une maîtrise de ce que nous sommes par l’acquisition de nouveaux états de conscience. Les bénéfices se manifestent tant au niveau physiologique (réduction du stress) que de la sphère psycho-affective.
Réduction du stress
En retrouvant le calme la personne sort de l’état de stress. Cela parait évidant pourtant ce n’est pas rien : le stress est une cause d’innombrables problèmes de santé. La réduction du stress est facteur de santé en soi et permet de retrouver une qualité de vie perdue.
Maîtriser les émotions et les pensées
Le fait de calmer et de contrôler le placement de sa respiration, permet de maîtriser notre nature instinctive très encline à se manifester sous la forme de la peur, de la colère ou de l’angoisse. Le bénéfice certain est énergétique : en effet, ces émotions négatives sont de grandes consommatrices d’énergie. Le maintien du calme intérieur et son développement nous permet d’agir plus correctement et surtout de rester hors de la souffrance.
Lorsque la personne parvient à maintenir l’état de calme, elle peut tout simplement répondre calmement, dans le respect de ce qu’elle est intérieurement et sortir du schéma d’action-réaction automatique de l’instinctif.
Acquérir le détachement
Le détachement est la capacité que l’on acquiert lorsque l’on arrive à prendre du recul par rapport à nous-mêmes, ou plutôt plus exactement lorsque l’on parvient à observer son comportement avec un regard objectif.
Un exercice simple est de s’imaginer que notre vie relationnelle est comme un film, que l’on regarde dans la salle en tant que spectateur. Les rôles que nous tenons dans tous nos échanges sociaux apparaissent alors et permettent d’en tirer de précieux enseignements.
Pour ceux qui y parviennent, l’étape suivante consiste à agir comme un metteur en scène sur leur propre rôle. Ce faisant, il devient possible d’agir plus intelligemment et d’une manière mûrement réfléchie dans nos interactions avec les autres.
Le lâcher-prise
Le lâcher-prise est la capacité de ne pas s’identifier à des éléments à forte charge émotionnelle, s’étant déroulé dans le passé et conditionnant notre présent. Le lâcher-prise permet, par exemple suite à un choc violent, de sortir de son rôle de victime et d’en tirer l’expérience afin de revaloriser profondément la personne.
Le lâcher-prise est bien entendu un acte d’ordre affectif. Tout choc émotionnel crée d’une manière subtile mais efficiente, une perturbation grave au niveau affectif (corps astral) et énergétique. Le choc s’imprime dans le système nerveux aussi sûrement qu’une page blanche ne l’est plus après impression. Sans travail intérieur, les chocs passés modifient profondément le comportement présent tout simplement parce que l’inconscient de tout être humain est programmé à éviter dans le présent, tout ce qui a fait mal dans le passé.
Alors que le choc bloque la respiration, le fait de se remettre en pensée dans ce traumatisme en respirant permet de le « débloquer » et d’évacuer la souffrance. Il arrive souvent que lorsque l’on évoque des événements douloureux de notre passé, nous sentions notre corps se crisper, « se rappelant la douleur passée ». C’est sur ce genre de problèmes que le travail respiratoire pratiqué sérieusement et avec conviction, peut être très efficace.
Maîtrise du Ki
La circulation de l’énergie vitale, le Ki en japonais est quelque chose que les plus sensitifs parmi nous peuvent sentir aisément. Lorsque la respiration se calme au point de devenir imperceptible, chacun peut percevoir la circulation du Ki dans le corps.
Pour les pratiquants d’arts martiaux traditionnels, ce travail est essentiel et leur permet d’atteindre le niveau par lequel s’expliquent certains exploits bien connus des grands maîtres d’art martiaux.
Tout comme la « science de la conduite des énergies » le décrit dans la théorie, chacun peut subtilement et intuitivement expérimenter la découverte de cela pour autant qu’il le veuille.
Les dangers de la méditation
La méditation est à déconseiller si elle devient un moyen de développer des éléments négatifs de la personnalité comme :
· Le désir de puissance et de croissance au détriment de ses congénères
· L’égoïsme
· L’orgueil
· Etc.
L’aspect spirituel
La pensée est dans le mental une forme créée par le penseur. La plupart du temps, l’être humain, le penseur, s’identifie avec la forme-pensée ou pire, avec sa matérialisation dans le monde physique.
L’aspect spirituel de la méditation n’est pas obligatoire mais représente une évolution naturelle du travail méditatif lorsqu’il est poursuivi un certain temps.
Au-delà de la pensée il y a le penseur. L’identité du penseur est le Soi. La spiritualité représente simplement la volonté de définir soi-même l’identité du penseur.
Conseils pratiques
· Consacrez du temps à la méditation et à rien d’autre. Définissez la durée qui vous convient et que vous pouvez donner en fonction de vos occupations.
· Faites-le dans une pièce calme bien aérée, ni en plein soleil, ni à l’ombre.
· Adoptez une position qui vous permette de rester le dos droit durant au minimum vingt minutes
· Commencez à prendre le contrôle de votre respiration en inspirant durant un temps et en expirant durant deux.
· Placez votre respiration au niveau du bas ventre
· Placez-vous en observateur par rapport à émotions et vos pensées. Ne vous laissez pas submerger par elles mais prenez du recul sans pour autant nier leur existence.
Conclusion
Certains cherchent développer leur capacité à se concentrer dans leur vie professionnelle ou sportive. Certains recherchent à acquérir la maîtrise de leur nature instinctive. D’autres recherchent l’éveil spirituel et à se mettre en contact avec leur âme. Toute recherche pourvu qu’elle soit honnête, hors de l’ego et de nature positive est bonne et justifiée au moins aux yeux de celui qui la poursuit. L’important est d’avoir la foi dans nos capacités à évoluer grâce à la méditation qui n’est qu’un outil utile sur la route de l’évolution.
Tout comme on ne dresse pas un cheval sauvage par la violence, la maîtrise de la nature instinctive de l’Homme ne se fait pas à coups de triques. La méditation nous apprend à nous détacher des passions de notre nature hormonale. En prenant le contrôle de celle-ci nous prenons le contrôle de notre vie tout en tenant compte plus que jamais de ce que nous sommes vraiment et de ce que les autres sont.