Introduction
On dit souvent que les êtres humains naissent et demeurent libres et
égaux en droits[1].
Cependant le fait d’appartenir et d’être éduqué au sein d’une famille influence
chaque individu d’un point de vue psycho-affectif et comportemental.
Chaque personne peut être considérée comme l’arbre généalogique de sa
famille mis en action dans le présent. Cet article a pour but de mettre en
lumière les tenants et les aboutissants de ce sujet passionnant.
La double loi familiale
Chaque famille se différencie légèrement des autres par ses
comportements, ses habitudes, ses rituels et ses traditions. Lorsqu’un enfant
grandit en son sein, ses ascendants lui donnent une éducation qui le guide dans
les méandres des difficultés de la vie au travers des « outils
familiaux ».
Cependant ce que l’on oublie souvent c’est que la transmission filiale
éducative ne passe pas uniquement pas le dit, l’écrit et l’acte mais également
par le non-dit, l’implicite et le mouvement non-exprimé (qui est donc par
définition un acte interdit par la loi familiale).
Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, le respect de la loi
familiale est la condition sine qua non qui permet aux membres de la famille,
et tout particulièrement aux enfants, d’être nourri par celle-ci. C’est-à-dire
que le comportement familial autorisé devient la norme et que l’enfreindre équivaut
pour celui qu’il le fait à accepter le rejet plus ou moins fort du clan.
Symboliquement l’enfant est la branche terminale de l’arbre généalogique
et la loi familiale est la sève qui nourrit l’arbre.
La loi familiale agit sur tous ses membres tant consciemment
qu’inconsciemment. Ce qui pour son membre créé un espace de vie parfaitement
délimité à l’intérieur duquel la vie est possible. Ce qui par voie de
conséquence définit de manière inconsciente un espace hors de ses limites qui
représentent la mort.
Donc sans travail personnel, prise de conscience des limites de la loi
familiale, chaque personne est susceptible de le reproduire dans le présent
même si la loi est mauvaise. J’en veux pour exemples des sujets douloureux
comme la violence conjugale, la violence sur enfants ou la toxicomanie qui sont
parfois des reproductions présentes de vieux fantômes transgénérationnels familiaux.
En termes clairs, la personne adulte qui n’a résolu le complexe d’Œdipe
est susceptible de s’enfermer dans un comportement inconscient visant à
respecter la loi sans aucune modification, même et surtout à l’âge adulte. Dans
ce cas de figure la transgression de la loi s’accompagne de lapsus verbaux et
gestuels mais également de pathologies.
Le dictionnaire familial
Le dictionnaire familial est l’ensemble des définitions de l’ensemble des
composantes du Monde enseignées durant l’éducation et mises en œuvre dans la
vie familiale quotidienne.
Ces définitions sont plus spécifiques que celles employées par la
nation. Elles induisent une perception précise du Monde et donc du type de
relation que les membres du clan établissent entre eux et le monde extérieur.
La loyauté à la famille est pratiquement totale et permanente pour un
être humain qui ne connait que celle-ci. Du moment que la personne est exposée
à la société, il prend conscience que les autres fonctionnent un peu
différemment que lui.
Famille=amour=loyauté
Chaque être humain a besoin d’amour pour exister. Il a besoin d’être
reconnu et la première des reconnaissances est celle que l’on obtient de sa
famille proche. Pour s’en convaincre il n’y a qu’à observer combien d’adultes
souffrent d’angoisses présentes parce qu’ils n’ont pas perçu de l’amour et de
la reconnaissance de leur famille dans le passé.
Il est naturel et légitime d’éprouver ce besoin. Cependant il est
essentiel de comprendre que tant que la personne maintient avec sa famille une
relation de dépendance affective, il éprouve constamment une angoisse du
manque.
Cette attitude de dépendance affective explique pourquoi contre toute
logique rationnelle, l’enfant est susceptible de soutenir le parent face au
monde extérieur même si ce dernier est violent ; l’épouse ne dénonce pas
le mari…ou en résumé que la transgression de la loi soit tut ce afin de
maintenir la structure familiale en place. Voilà l’explication à tous nos
secrets de famille : quelle que soit la violation de la loi familiale, les
membres du clan tentent, avec leurs propres outils, de maintenir la cohésion
plus que tout.
Tant que les relations familiales sont saines, la loyauté des enfants
envers leurs parents est légitime et saine : elle entretient les liens
familiaux et permet l’épanouissement de la personnalité de chacun des membres.
Mais comme nous venons de le voir lorsque les relations sont toxiques cette
loyauté devient destructive : elle péjore les liens familiaux et détruit
plus ou moins la personnalité de chacun des membres.
Fantôme transgénérationnel
Lorsqu’une personne désire fortement exécuter un acte précis mais ne
peut le faire en pleine lumière par peur des conséquences, elle vie un
refoulement[2]
plus ou moins important. Nous parlons de tous les actes et comportements
interdits par la loi familiale qui briment plus ou moins certaines pulsions.
C’est également tous les secrets, les non-dits, les actes inavouables et les
traumatismes.
Cela crée tout une série de comportements déséquilibrés et pervers qui
déstabilisent les relations familiales, et plus grave, qui se transmettent de
manière transgénérationnelle. On appelle parfois cela un « fantôme transgénérationnel »
qui peut induire le mutisme de l'adulte, l'autisme de l'enfant ou la phobie
voir même interdit l'accès à la résolution de l’œdipe aux descendants de la
famille.
La frustration de mon ancêtre est ma névrose
Tout ce qui est transmis par l’éducation définit le monde aux enfants. L’enfreindre
est sacrilège et expose aux sanctions du clan familial.
Tout ce qui est tût, caché et honteux devient un tabou pour les
descendants par défaut.
A chacun sa famille, à chacun ses tabous, ses secrets de famille. Il n’y
a personne qui soit épargné à ce niveau. Ceux-ci sont susceptibles de détruire
les enfants d’une famille tant que ceux-ci vivent dans la reproduction aveugle
des schémas familiaux.
Justice ou mauvaise foi
Le système familial est en équilibre tant que la justice et l’équité
régissent les rapports humains entre les membres du clan.
Par contre lorsque la justice disparait, la mauvaise foi la remplace
amenant des sentiments d’injustice, de ressentiment, de compétitivité, de
manque d’amour voir de haine.
Cela créé entre les membres des dettes émotionnelles qui s’amoncellent
et créant une culpabilité sous-jacente qui détruit l’équilibre familiale. Dans
ce genre de déséquilibres naissent les rancœurs et les colères qui ruinent les
liens familiaux. Ces dettes sont, d’une manière imagée, inscrites sur le grand
livre des comptes familiaux qui met en balance les mérites et les démérites. En
vertu de la loyauté familiale, des problèmes, conséquences directes des dettes
familiales, peuvent subvenir de génération en génération tels que des
accidents, des maladies précises, des haines héréditaires.
L’arbre généalogique est vivant en nous
Nos ancêtres nous transmettent non seulement leur ADN qui spécifie l’édification
de notre corps mais également toute une série de comportements sociaux
spécifiques qui orientent nos actes et nos paroles.
Si l’on veut changer le cycle des répétitions, il convient d’utiliser le langage de l'inconscient, c’est-à-dire celui des symboles, car la
prise de conscience et la verbalisation sont insuffisantes à la guérison.
Se libérer des carcans familiaux
Pour qu’une personne se libère des carcans familiaux, il est important
de déterminer clairement leur fonctionnent. En effet, la personne qui souffre
du fonctionnement de sa famille le fuit pour éviter la douleur…sans chercher à
le définir avec précision.
Hors ce n’est pas en fuyant ou en déniant le problème que l’on peut s’en
sortir ! C’est en osant prendre du détachement afin de regarder
objectivement le comportement familial. Mon expérience de thérapeute me
démontre chaque jour que l’on ne peut pas se contenter de rejeter les schémas
éducatifs sans plus.
Car la psyché humaine n’aime pas le vide. Si l’on rejette des schémas sans
autre forme de travail, les schémas éducatifs reviennent à la charge au moindre
stress. Par contre si l’on prend soin de les remplacer par des meilleurs en
ayant pleinement conscience de le faire, on peut se libérer par paliers des schémas
éducatifs
Prochain
article : comment se sortir des traumatismes transgénérationnels.
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