samedi 18 octobre 2014

Sagesse du Milieu: Vaincre le stress (2ème partie)

 Comprendre et changer ses comportements[1]


Les comportements de l’être humain moderne ne sont pas dus au hasard. Bien au contraire, nos comportements actuels sont des reproductions de ceux qui furent bénéfiques à notre espèce d’un pont de vue évolutif.
Des systèmes cérébraux spécialisés ont donc évolué afin de faire ressentir du plaisir ou, au contraire, de la douleur durant la réalisation de nos comportements afin de nous donner les moyens de les évaluer au travers de l’expérience du ressenti. De ce point de vue, le plaisir est essentiel en tant que preuve du fait que le manque intérieur a été satisfait par un acte précis. Il s’en suit une mémorisation du couple manque précis-acte apaisant, qui sera reproduit dans le futur comme une stratégie efficace.
Nos comportements, qu’ils soient acquis par l’expérience personnelle ou innée au travers de la génétique propre à note espèce, sont les chefs d’orchestre de nos actions tout en étant en majorité inconscients et reproduit par notre « pilote automatique » intérieur : le subconscient.
La tradition orientale nomme la personne qui reproduit ses comportements sans réfléchir « l’automate-perroquet » : les actes (inconscients) et les paroles (conscientes) sont reproduits en correspondant parfaitement à la Loi du groupe social auquel appartient l’individu.
Changer de comportements ne pourra donc se faire que par la compréhension du fonctionnement du système nerveux en général et de certains centres cérébraux.
La principale fonction du cerveau est de maintenir l’homéostasie. Or, parmi les systèmes cérébraux, ceux qui permettent de satisfaire nos besoins vitaux influencent le plus nos comportements.

On peut distinguer trois phases dans le fonctionnement de ce merveilleux système :
1.      Suite à un stimulus, notre cerveau nous pousse à passer à l’action afin de satisfaire un besoin. La faim est le premier besoin que l’être humain satisfait : avant même de parler ou d’appréhender le monde dans lequel il vit, il pleure afin d’avertir sa mère qu’il a faim. Bien que cela soit dans ce cas profondément inconscient, les pleurs de l’enfant sont une stratégie très efficace.
2.      Le passage à l’action est récompensé par une sensation de plaisir. Par exemple manger procure du plaisir, mais celui-ci n’est pas complet si le repas n’est pas apprécié et/ou pris seul sans possibilité d’échange social. C’est donc l’action qui est récompensée et pas seulement l’obtention de la récompense. L’action correspond souvent dans les sociétés humaines à un rituel.
3.      Puis, finalement, la satisfaction qui met un terme à l’action jusqu’à ce qu’un nouveau besoin vienne déclencher le désir




Action gratifiante possible


Activation du MFB


Désir


Action


Satisfaction
 



Programmé à rechercher le plaisir


L’être humain est programmé à reproduire des comportements qui, dans son histoire ou dans celle de son espèce, ont procuré du plaisir en entretenant sa vie (homéostasie) et en la faisant évoluer.
Ce qui satisfait pleinement une pulsion intérieure génère du plaisir. La satisfaction correspond à la cessation du manque intérieur ayant généré la pulsion. Le plaisir est la preuve sensorielle que le manque a cessé et que le corps va bien. La douleur est évidemment l’inverse et concerne la préservation de l’intégrité du corps : en retirant par réflexe sa main d’une plaque chaude par action instinctive, nous sauvons notre main, sans y réfléchir consciemment. Ces deux notions ont présidé à la spécialisation de trois systèmes nerveux liés aux comportements : l’un est à la récompense (MFB), l’autre à la punition (PVS) et le dernier à l’inhibition (SIA).
Le cycle pulsion – action – satisfaction, géré par le MFB et la fuite ou la lutte efficace permettent à l’organisme de préserver son homéostasie dans l’action et composent à eux deux le système activateur de l’action (SAA)
Le plaisir est le moyen développé au cours de l’évolution de notre espèce, pour nous inciter à manger, à trouver un partenaire sexuel, à se protéger du froid, etc.



La récompense et la punition


Le S.A.A. s’oppose au système inhibiteur de l’action (SIA). Ce système s’enclenche en cas d’inefficacité de notre action, qui correspond à un profond sentiment d’impuissance soit« je ne peux pas interagir avec mon environnement, car ceci est « faux » pour Moi mais je ne parviens pas à agir donc je ne bouge plus, je me prostre, me replie ».
Le S.I.A. a été utile dans l’évolution et de manière très ponctuelle, dans les situations où toute action est susceptible d’empirer la situation. Lorsque l’humain perçoit que la lutte ou la fuite sont impossibles, il se contente de la soumission et l’acceptation, passive et à contrecœur, afin de maintenir autant que faire se peut le statu quo.
Dans notre société moderne où la compétitivité est érigée au rang de dogme, de nombreuses personnes vivent dans l’appréhension de la « punition » : peur du chômage, peur de ne pas avoir la promotion, peur de ne pas pouvoir payer les factures à la fin du mois, peur de dire au chef de vente nos petits résultats, etc. Dans ce genre de cas, la personne n’a plus l’impression d’avoir de choix et sombre dans l’inhibition chronique. De nombreuses conséquences pathologiques sont à déplorer lors d’un surfonctionnement du SIA comme par exemple : dépression, maladies psychosomatiques, ulcères d’estomac, hypertension artérielle. À noter également qu’étant donné que le SIA épuise le potentiel de lutte du système immunitaire, des pathologies plus graves peuvent se développer ultérieurement.

Deux systèmes se sont donc développés dans le cerveau pour traiter la récompense et la punition.
1.      Le « medial forebrain bundle » (MFB) en anglais qui est le circuit de récompense
2.      Le « periventricular system (PVS) », qui est le circuit de punition, qui active la fuite ou la lutte
Ces deux systèmes ont pour but de préserver l’homéostasie par l’action et forment ensemble le système activateur de l’action (SAA).


S.A.A
S.I.A
Action ou ressenti plaisant
Action ou ressenti douloureux
Inhibition de l’action
Activation du MFB
Activation du PVS
Activation du SIA
Désir (envie de…)
Fuite
Perturbation pathologique de l’organisme
Action
Lutte (si impossible vers S.I.A)

Satisfaction



     
 

 Centres de la punition


L’action est aussi primordiale lorsqu’un danger nous menace. Nous avons alors deux solutions : la fuite ou la lutte.
Les stimulations déplaisantes et/ou douloureuses qui provoquent la fuite ou la lutte activent les centres de la punition ou PVS. Le PVS est formé de plusieurs centres dont l’hypothalamus, le thalamus et la substance grise centrale ainsi que l’amygdale et l’hippocampe. L’activation du PVS provoque l’activation du système nerveux sympathique et la libération dans l’organisme d’ACTH[2] et d’adrénaline qui préparent rapidement le corps aux efforts exigés par la fuite ou la lutte
Le système de punition inhibe le système de récompense, ce qui explique que certains régimes politiques ont réussi au cours de l’Histoire à manipuler le peuple par la peur, surtout la peur de la punition. Ceci est également valable dans toute structure sociale : couple, famille, entreprise, etc.
Le MFB et le PVS forment les deux principaux systèmes de motivation de l’être humain. Ils ont pour but assouvir les trois pulsions instinctives, respirer, se nourrir, se reproduire, et d’éviter la douleur.



Centres d’inhibition


Le Pr Henri Laborit a mis en évidence un troisième circuit : le système d’inhibition de l’action (Behavioral Inhibitory System (BIS)). Il est associé au système septo-hippocampal, à l’amygdale et aux noyaux de la base. Ce système est, comme nous l’avons vu, celui qui prend le relai lorsque la lutte ou la fuite ne sont plus possibles, avec des conséquences négatives au niveau physiologique.
Pour prendre un exemple simple, le SIA est le système qui produit l’immobilisme du campagnol survolé, à terrain découvert, par une buse. Ce fonctionnement temporaire lui sauve la vie plus sûrement que la fuite. Par contre, dans le cas où un individu se sent comme le campagnol, lorsqu’il est en relation avec son patron, ses parents ou autres, la situation se gâte. Il perçoit une impossibilité de fuir ou de lutter : s’il le faisait, il en perdrait son emploi, sa place dans la famille, etc. De plus si la situation perdure des mois ou des années, les conséquences pourraient être catastrophiques en termes de santé (voir aussi le sous-chapitre sur le stress) en affaiblissant fortement les capacités du système immunitaire.
Le SIA peut également « s’enclencher » dans le cas où l’individu manque d’information à propos de ce qu’il vit dans le présent : comme par exemple une personne âgée assise devant un pc dont elle ne comprend pas le fonctionnement ou encore une personne effectuant un voyage dans un pays étranger sans maîtriser ni la langue et ni l’écriture en fonction différente de la sienne. En effet, pour agir efficacement, l’être humain a besoin d'un certain nombre d'informations sur le monde qui lui donnent des possibilités différentes de répondre. Si les apprentissages et expériences antérieures n’apportent pas l’information à l’individu, le SIA prend le dessus sur le SAA. Attention : à l’inverse l’excès d’information (téléjournal, publicités agressives, etc.) a le même effet. Enfin, l’imaginaire peut produire des scénarios que l’individu redoute de vivre. Dans ce cas lorsque le cauchemar se matérialise sous les yeux de la personne, celle-ci se trouve totalement inhibée.



Solutions


Ce qui précède met en évidence le fait que l’être humain se doit à lui-même de trouver de vraies solutions plaisantes dans sa vie.
Traiter le stress, c’est aussi sortir de la souffrance car le mauvais stress est aussi un système d’alerte antidouleur !

En résumant, je pense que l’on peut résumer un travail cohérent de résolution du stress par ces étapes :
1.      Prendre conscience de son stress. Ce qui n’est pas évident car selon le milieu duquel o provient le stress quotidien a peut-être été la normalité vécue en permanence. Prendre le temps de réfléchir sur la définition de l’inverse d’une vie stressante, une vie sereine est un bon point de départ.
2.      Identifier les domaines de vie dans lesquels il existe du stress[3]. Définir exactement la cause du stress (par ex. : stress professionnel > je dois m’avouer que mon chef me fait peur. Ou : j’ai peur de parler durant les réunions d’équipe parce que je fus un enfant très timide et que je n’ai pas travaillé cette capacité depuis lors, etc.)
3.      Définir des objectifs en termes d’améliorations globales (qualité de vie en général, répartition travail-loisir-famille, temps de repos, etc.) et locales (ma relation avec mon patron, mes parents, etc.)
4.      Oser déterminer les besoins que l’on a…ou pas. Oser chercher un thérapeute si l’on en ressent le besoin et avoir confiance en soi si l’on sent que travailler seul est selon dont on a besoin dans le présent
5.      En tenant compte des objectifs fixés, mettre en place des solutions valorisantes et positives pour soi et pour les autres dans l’unique but de solutionner efficacement les problèmes générant le stress
6.      Procéder à une auto-évaluation fréquente afin de quantifier l’avancement sur le chemin du processus de guérison.
7.      En cas de stagnation, oser réfléchir dans le calme, la confiance et la tolérance envers soi afin de trouver une meilleure solution..car cela serait un comble de se stresser pour tenter de résoudre un problème de stress ?!

Questions ? Remarques ?

N’hésitez pas !!


                                                                                     Jean-Christian Balmat






[1] Extrait du livre « Shiatsu Holistique – Soignez avec vos mains et votre cœur ! », 330 pages. Disponible en version électronique sur Kindle.com ou en version papier sur Amazon.com
[2] L’hormone corticotrope, ou adrénocorticotrophine (ACTH), est une hormone polypeptidique, principalement sécrétée par les cellules basophiles du lobe antérieur de l’hypophyse et qui stimule la glande corticosurrénale.
[3] A noter qu’il ne faut pas confondre stress et rapidité : vivre sans stress ne veut pas dire vivre lentement. On peut faire rapidement des choses avec son corps alors qu’intérieurement la sérénité règne !!